Les recherches de Jeanne Lazarus portent sur la construction du rapport des citoyens aux institutions monétaires des pays développés dans le contexte de la financiarisation de l’économie et de la vie quotidienne : alors que les protections collectives s’amenuisent, les finances des particuliers sont de plus en plus risquées et liées à la bourse. Se situant dans le champ de la sociologie de l’argent, Jeanne Lazarus cherche à dresser une sociologie morale de la financiarisation et à proposer une sociologie de l'État face aux marchés financiers en restituant le cadre institutionnel et politique dans lequel évoluent les finances des particuliers Sa thèse de doctorat a porté sur les conséquences sociales de la bancarisation de masse : depuis 1966 les banques se sont ouvertes au grand public, et le compte en banque est désormais indispensable à une vie sociale normale. Suivant une approche de sociologie politique et morale, Jeanne Lazarus a analysé les épreuves que doivent passer les clients des banques, dont les critères sont parfois flous et contradictoires du fait de la tension originelle des banques françaises, qui sont à la fois des institutions d'encadrement monétaire des populations et des espaces marchands. Cette recherche s’est prolongée dans deux autres directions : elle s'est intéressée aux effets de la bancarisation sur la consommation et les pratiques monétaires des plus démunis ; elle a par ailleurs travaillé à la diffusion du champ théorique de la sociologie de l’argent. Dans les années qui viennent, Jeanne Lazarus souhaite élargir ces recherches avec l’ambition de reconstituer une chaîne conduisant des pratiques monétaires des individus jusqu'aux politiques publiques et aux stratégies des entreprises financières. Elle s’intéressera d’abord à la façon dont les politiques publiques européennes et françaises dessinent le cadre d’un marché « responsable » des finances des particuliers à travers des programmes d’éducation financière, des directives et des réglementations relatives à la commercialisation des produits boursiers et au crédit. Dans un second temps, elle observera la socialisation économique publique « par le bas », à travers le travail des conseillères en économie sociale et familiale. Jeanne Lazarus a publié plusieurs ouvrages dont « L’épreuve de l’argent » aux éditions Calmann-Lévy qui a fait l’objet d’un petit-déjeuner débat. Pour en savoir plus