Après la catastrophe, entre injonctions internationales de la résilience et pratiques locales du “vivre avec”
Résumé
Que se passe-t-il dans le sillage d’une catastrophe ? Comment les humains font-ils face à ces bouleversements que la situation de choc les oblige à appréhender ? C’est à ces questions que l’anthropologue qui enquête sur un terrain « catastrophé » tente de répondre. Ce faisant il ou elle s’inscrit dans une tradition de travaux qui s’intéressent aux changements sociaux provoqués par les catastrophes, et se dégage d’une inquiétude qui a longtemps animé les travaux en sciences sociales qui se centraient sur le moment même du choc, dans la lignée des "Disasters studies" nord-américaines La temporalité de son enquête s’élargit, embrassant dès lors non plus seulement le moment de la catastrophe, mais un temps plus long, difficile à borner, entre l’événement lui-même et un « après » où celui-ci, progressivement intégré par la société, se dissout dans le quotidien. Non pas un « retour à la normale », puisque ce dernier n’existe que dans une lecture linéaire et systémique des catastrophes, mais un moment qui voit l’événement infuser des pratiques quotidiennes et routinières. C’est sur ce moment d’entre-deux, que la notion de « transition » proposée par les directeurs de l’ouvrage tente de désigner, que se centre cet article.