Chaque élection est importante, mais cette année l’enjeu du scrutin présidentiel aux Etats-Unis est exceptionnel. Il intervient après quatre années de Donald Trump au pouvoir qui ont vu les dirigeants américains défendre des positions hyper conservatrices, nationalistes et parfois contraires à l’esprit des institutions américaines. Mais le parti républicain est-il devenu trumpiste et sinon, quelle est sa culture politique ? Divisé entre conservateurs classiques et nouveaux élus trumpistes, saura-t-il se réunifier ? Quant au Parti démocrate, la diversité sociologique et culturelle de ses soutiens jouera-t-elle comme une force ou comme une faiblesse ? L’Amérique est divisée en termes de culture politique en deux camps, dont les porte-drapeaux se voient plus comme des ennemis que comme des adversaires. Quelle place cette ligne de clivage, qui recoupe l’opposition entre Républicains et Démocrates, fait-elle à la religion par rapport à d’autres déterminants socio-culturels du vote ? L’un des legs de Trump, qu’il soit réélu ou non, sera la Cour Suprême a priori très conservatrice qu’il laissera en héritage à l’Amérique pour de longues années. Quel impact cela aura-t-il sur la société américaine et notamment pour les droits des femmes et des minorités, à commencer par les Noirs que les juges ont déjà commencé à priver d’une partie des politiques d’ « affirmative action » et des protections du droit de vote ? Sur la scène internationale, l’Amérique de Trump a amorcé un retrait spectaculaire, qu’il s’agisse de théâtres d’opérations militaires comme l’Afghanistan ou du système onusien, et une focalisation sur la Chine au détriment de presque tout le reste. Une victoire de Joe Biden se traduirait-elle par un regain d’intérêt pour le multilatéralisme et une inflexion de la politique chinoise de Washington ?