Les nouveaux risques de « l’ère de l’opulence » : l’inadaptation et les politiques d’action sociale en France (1945-1969) - Sciences Po Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Histoire@Politique : revue du Centre d'histoire de Sciences Po Année : 2018

Les nouveaux risques de « l’ère de l’opulence » : l’inadaptation et les politiques d’action sociale en France (1945-1969)

Résumé

L’historiographie a considéré la notion du risque comme intrinsèquement liée au développement des systèmes d’assurance, alors que l’assistance constituerait uniquement une prise en charge ex post. Cet article analyse l’affirmation en France d’un discours visant à fonder le renouvellement des politiques d’aide sociale sur la notion de réadaptation entre les années 1940 et la fin des années 1960. Ces politiques de solidarité nationale, inspirées de modèles étrangers existants, visaient de plus en plus les causes psycho-sociales de l’inadaptation, point commun des multiples interventions concernant des catégories changeantes et très différentes : familles à problèmes, travailleurs migrants, habitants des bidonvilles, ex-délinquants, et plus généralement les populations aux revenus insuffisants. L’article montre comment l’action sociale – de plus en plus coordonnée et directement prise en charge par le ministère de la Santé et de la Population – entrelaçait un traitement individuel et un traitement social de l’inadaptation. D’une part, l’action sociale – de plus en plus coordonnée et directement prise en charge par l’État – s’efforçait de « réadapter » l’individu en intervenant sur les dimensions médicale, fonctionnelle, psychologique et professionnelle et en opérant un lien avec les politiques de main-d’œuvre et la notion de productivité.D’autre part, l’inadaptation sociale était de plus en plus caractérisée comme un risque qui mettant en danger l’intégration des groupes marginaux dans le système social et économique et se transmettant de génération en génération.L’article explique que le dépistage statistique des situations sociales à risque et le refus d’imputer aux inadaptés eux-mêmes les causes conduisaient à la mise en place de politiques d’action sociale globale agissant moins sur les bénéficiaires que sur les milieux de vie et leur participation à la vie publique.L’inadaptation se structurait ainsi en tant que référentiel d’une politique de gestion des populations et du « risque social » lié à la croissance économique, qui visait à corriger par des mesures assistantielles et le service social des conditions socioculturelles de vie censée être préjudiciables à la vie personnelle et sociale du citoyen.

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Giacomo Canepa. Les nouveaux risques de « l’ère de l’opulence » : l’inadaptation et les politiques d’action sociale en France (1945-1969). Histoire@Politique : revue du Centre d'histoire de Sciences Po, 2018, 36, pp.en ligne. ⟨10.4000/histoirepolitique.5755⟩. ⟨hal-03197317⟩
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